On me dit que l'originalité de Fred Vargas, c’est qu'il s'agit du seul auteur de polars qui écrive bien. Ah bon ?
Qu'est-ce que ça doit être les autres. Prenons le premier chapitre. Ce n'est pas que je n'ai pas lu tout le livre, c'est que
je ne dispose pas de tout le journal. On a une chaudière qui « avait stoppé toute forme d‘activité ». Et pourquoi pas « toute activité » ? Les chaudières auraient plusieurs activités ? Plus loin, Adamsberg tourne « une des pages du
journal ». On sait tous, pourtant, qu'un journal n'a pas qu'une seule page. Il aurait pu tourner, cet Adamsberg, « une
page du journal ». On a encore un visage « étréci ». Je suis sûr que vous ne savez pas ce que c'est, un visage étréci.
N'ayez pas honte : moi non plus, je ne le savais pas. Jusqu'à ce que j'ouvre mon dico. Où il est indiqué que « étréci »
égale « étroit ». Pourquoi, dans ce cas, ne pas écrire « étroit » ? On a aussi un personnage qui se lève « d'un coup ».
C'est quand même très dur, de se lever en plusieurs coups. Essayez, vous allez voir. D'abord, on soulève le derrière.
Mais attention à ne pas se redresser en même temps, parce qu’alors on risquerait de se lever, comme écrit Mme Vargas,
d'un coup, et ce n'est pas le but de la manœuvre. Après quelques secondes d'attente, on se redresse et, de fait, on peut
dire qu'on s'est levé en deux coups. Pour se lever en trois coups, je n'ai aucune solution, mais je vais y réfléchir. Ça me
rappelle la visite académique ne j'avais faite à René Huygues, il y a une dizaine d'années. Je me présentais au siège de
Ionesco et c'est Marc Fumaroli qui a été élu. Passons. Eh bien, même René Huyghes. à plus de quatre-vingts ans, se
levait d'un coup. Il balançait son fauteuil à bascule d'avant en arrière jusqu'à avoir assez d'élan pour se propulser sur
ses jambes. Et encore : « le timbre particulier de la voix d'Adamsberg sembla opérer son effet ». Avant, c’étaient les
chirurgiens qui opéraient. Maintenant. ce sont les timbres de voix. Et ils n'opèrent pas les malades. Heureusement. du
reste. Ce serait du joli. Non, ils opèrent... leur effet. Il y a quelque part des « craintes ascendantes » - pour dire
qu'elles grandissent - qui m'ont amusé. J'attire également l'attention de mon lecteur sur une « bibliothèque
hétérogène ». Les mâchoires serrées deviennent. chez Vargas, cela va sans dire, des « maxillaires crispés ».
Et les noms des personnages secondaires qui sortent tout droit d'une série policière de TF1 : Mordent, Danglard,
Retancourt. On a même le cliché du flic quitté par sa petite amie. Il a vachement de chagrin. Il ne peut pas finir la
tranche de porc aux pommes de terre qu'il a commandée à Enid. la serveuse de la brasserie irlandaise Les Eaux noires
de Dublin. On voit déjà Patrick Bruel dans le rôle, avec un imper mouillé pour lui donner la réplique. Et les Français,
paraît-il, adorent Vargas. Les Français qui lisent. Heureusement qu'il y a des Français qui ne lisent pas, sinon ce pays
serait foutu. Le chapitre l traite de la chaudière. Le chapitre II de la machine à café. On s'embête à toutes les phrases
plus lourdes les unes que les autres. Fred Vargas serait, sous un autre nom, archéologue. C'est un métier où on a
l‘habitude d'attendre longtemps qu'il ne se passe pas-grand-chose. Sous les vents de Neptune raconte lentement une
histoire sans intérêt. avec un joli style pas beau et un drôle d'humour pas marrant.
[Le 7 juin, c'est l'anniversaire de Fred Vargas. Pour le reste, Blondin, Miller, Jean Harlow clic-clic.]
[Le 7 juin, c'est l'anniversaire de Fred Vargas. Pour le reste, Blondin, Miller, Jean Harlow clic-clic.]
Une journée mal débutée se termine chez vous avec le rire. Quoi de plus important que le rire ?
RépondreSupprimerCatin de l'Orée vous dit merci.
Nous avons bien fait de ne pas mourir avant ce soir.
Ce texte, une vraie perle !
RépondreSupprimerJ'ai relevé à peu près le même genre d'incongruités dans un tas d'autres "noirs".
Je vous invite à lire une magnifique page de noir ( une traduction du dernier Camilleri sur le blog "Fine stagione. blogspot ")