Robert Crumb, 68 ans aujourd'hui. [Et Fritz, le seul chat tué par une autruche d'un coup de, oui, pic à glace - on a des preuves clac-clac. L'an dernier, Milan par Scerbanenco clic-clic et par Tinguely clic-clac. La mort d'Alain Corneau, aussi, clac-clic.]
Ingrid Bergman, † le 29 août 1982. Le 29 août, c'est aussi la Saint-Merri : souvenir des combats de 1832, Ô Cloître Saint-Merry funèbre ! sombres rues ! - la barricade pour l'éternité, celle de Gavroche, celle aussi des premiers drapeaux rouges [un lien sur la gauche, rubrique Dans le désordre, pour ceux que ça intéresse]. L'an dernier, rien à voir, les Box Tops clic-clic on ne s'en lassera jamais.
Au lieu de reporter la faute sur les événements, et d’en faire leur lucide conséquence (l’homme qui a vu les horreurs de la politique de son siècle renonce courageusement à ses illusions), reconnaissons qu’il s’agit d’un rite, d’une cérémonie marquant l’intégration sociale. Rituel, ou cérémonial, de l’abjuration : comme on enfile son premier costard, l’ex-gaucho endosse la livrée du renégat. Il n’était pas obligé, en plus, d’en être fier.
[Guy Hocquenghem est mort le 28 août 1988. Sa Lettre ouverte a été fort opportunément rééditée par Agone, qui en donne à lire clic-clic de substantielles bonnes feuilles. L'an dernier clic-clac, un beau portrait de Chevtchenko par Rodtchenko.]
Cesare Pavese, suicidé à Turin dans la nuit du 26 août 1950 : verrà la morte, la mort viendra et elle aura tes yeux, comment l'éviter. On trouve partout sur le ouèbe les impeccables et canoniques interprétations de Vittorio Gassman et de Léo Ferré. Ici, plus rare, une version basque, Paco Ibáñez et Imanol.
Comme voir resurgir au miroir
un visage défunt, comme écouter des lèvres closes. Nous descendrons dans le gouffre, muets.
[La photo, on ne sait pas qui en est l'auteur, DR donc. La chanson, 1996, est de Mengo et Mader pour la musique, Léotard pour les paroles, Philippe Léotard† le 25 août 2001. L'an dernier, on se souvenait de Fantin-Latour clic-clic et de Truman Capote clic-clac, et au hasard d'une lecture, on saluait la désobéissanteclac-clic. Un jour, il faudra bien parler de Nietzsche.]
La Saint-Barthélemy ? L'exécution [hier] de Sacco et Vanzetti (Dos Passos en VO, tant qu'à faireclic-clic) ?Ou alors, plus léger, l'anniversaire de Paulo Coelho, celui de Jean-Michel Jarre ? Il y a des jours comme ça, rien ne va : en avant, comme on disait l'an dernier clic-clac, en avant pour le grand bond en arrière. Il y a des jours comme ça, oulala, on va faire comme les gosses, un vieux Thiéfaine, et zou.
Ceux qui le peuvent enterreront aujourd'hui Allain Leprest (16h cimetière Monmousseau à Ivry). Les autres, nous autres, on s'en voudra un peu de ne pas être là.
Comme l'an dernier clic-clic, Koudelka chez Magnum.
[C'est hongrois, je crois, ou tchèque. Un de ces pays dont on parle dans les journaux quand les Russes y envoient leurs chars - lit-on ce 21 août à 23 heures passées, page 124 d'Entre deux verres de l'excellent Lawrence Block, Calmann-lévy 2011.]
Jean-Baptiste Joseph Delambre, astronome et mathématicien français, est mort à Paris le 19 août 1822. Sa rue clic-clic a été ouverte en 1839, et depuis on semble bien y avoir certes écrit de jolies chansons clic-clac mais surtout bu plus que de raison, et du beau monde. Moi-même, pour tout dire, et je ne sais plus rien des détours qui ont bien pu m'y conduire. Le 19 août 2010, on ne sait pas non plus pourquoi, ici c'était la fête joyeuse, Groucho Marx clic-clic, le Facteur Cheval clic-clac, Antony Frewin clac-clic et une de ces chansons de Jonasz qui que pas résister clac-clac.
On a oublié quelles connexions saugrenues avaient bien pu nous conduire à lire Anita Loos, Gentlemen Prefer Blondes et la suite, à lire ça dans ces années 70 - on avait, pour le moins, autre chose en tête. Il ne nous en reste qu'un vague mais charmant souvenir, ce qui n'est certainement pas rien. Anita Loos est morte le 18 août 1981 : pour l'occasion, et même si la chanson n'est pas d'elle, on pourra écouter Marilyn clic-clic. Sinon, l'an dernier, on parlait réforme des retraites clic-clic, Simenon clic-clac et Garcia Lorca, par Cohen, grande classe clac-clac.
[Pierre Brasseur, † le 16 août 1972. L'an dernier Béla Lugosi clic-clic, et un de ces slows auxquels on ne sait pas résister clic-clac. Pour Allain Leprest, on a lu, quoi dire - ses chansons, on les écoute ici clic-clic, on les écoutera encore.]
Tout se trouve dans le journal, il suffit de le lire avec assez de haine. Elias Canetti, mort le 14 août 1994.
[Le Dictionnaire de Roland Jaccard, c'est ici clic-clic. L'an dernier, on parlait de Brecht clic-clac. Sinon, on part au soleil quelques jours, si tout va bien on trouvera du ouifie.]
Le maître d’hôtel proposa des desserts : «Nous avons ce soir de la pâtisserie: des éclairs, des mokas, des choux à la crème, comme avant la guerre … — C’est cela, dit Caracalla, apportez des pâtisseries. — Combien de gâteaux ? — Beaucoup, de toutes les sortes, une grande quantité, tous les gâteaux que vous avez …» Car Caracalla n’a pas dépassé l’âge où l’on aime les gâteaux.
[Daniel Cordier, 91 ans aujourd'hui. L'an dernier, clic-clic, Bashung : y seras-tu ?]
Alors on parle. Il me dit qu'il est peintre, qu'il s'appelle Chaïm (il prononce un "ch" guttural) Soutine, qu'il revient d'Amsterdam où il est allé voir les peintures de Rembrandt, qu'il se baladait dans le cimetière des Batignolles quand il s'est mis à dégueuler et à cracher du sang. [...] Le soir est là, on parle toujours. Avec son estomac, je ne peux lui proposer d'aller manger. Je lui donne un peu de bismuth et puis des pilules pour calmer les douleurs. On discute viande... femmes... ordures... il décrit un lièvre écorché... je parle de cadavres africains... pourriture... femmes... On peut pas terminer la soirée comme ça, alors je l'ai emmené au boxon.
[Lettre du docteur Louis Destouches à un correspondant inconnu, in Francis Segond & Jean-Pierre Weil, Chaïm Soutine clic-clic - Soutine qui meurt le 9 août 1943. L'année dernière, c'était assez étrangement Haenel et Kandinski clic-clac.]
I have been frantically searching for myself. And now you tell me that i am a "myth". What a blessing. Henceforth, i shall disintegrate comfortably in bed with my books, cigarettes, coffee, bread, cheese and apricot jam.
On l’apercevait depuis le ferry de Staten Island. Depuis les abattoirs du West Side. Des gratte-ciel neufs de Battery Park. Des stands à bretzels en bas de Broadway.Du parvis en dessous. Des tours elles-mêmes. D’accord, certains ne voulaient rien savoir, préféraient l’ignorer. À 07:47, ceux-là étaient bien trop amorphes pour penser à autre chose qu’un bureau, un stylo, un téléphone. Sortis des bouches de métro, des limousines, des autobus, ils traversaient ensemble au feu, et pas question de lever bêtement la tête. À chaque jour suffit sa peine. Mais en voyant les attroupements, l’agitation, ils commencèrent à ralentir. S’arrêtaient net ou, haussant les épaules, se retournaient lentement, revenaient au carrefour, butaient contre les nez en l’air, se hissaient sur la pointe des pieds, dominaient un instant la foule et c’était waouh, putain, nom de Dieu.
[Philippe Petit, le 7 août 1974. L'an dernier, un soir d'été clic-clic. Et puis Bruno Cremer, clic-clac.]
Si l'on y regarde bien, les chances qu'ont deux êtres de se rencontrer sont assez minces. Presque nulles, même, si l'on excepte les occasions codifiées fournies par la vie sociale : compagnonnage d'école ou de travail, voisinage de résidence et promiscuité obligée de certains loisirs. Le reste tient de la catastrophe.
[Pour le reste, le 5 août c'est aussi Marilyn, povera sorellina minore, et la Saint-Oswald - c'était l'année dernière, feat. Pasolini clic-clic et De Lillo clic-clac.]
Cette énorme collection, artistique et documentaire, est aujourd’hui terminée. Je puis dire que je possède tout le vieux Paris.
[L'année dernière, on écoutait Lee Hazlewood clic-clic et la ligne de basse du siècle ; cette fois-ci, on regardera clic-clac les photos d'Eugène Atget, mort le 4 août 1927, pile pour devenir le Douanier Rousseau des surréalistes. On pensera aussi à Raul Hilberg, mort il y a quatre ans aujourd'hui, et qui tout seul - dans l'indifférence générale - a démonté la machine infernale.]
On pensait il y a peu à Krista Nico, on y revient avec une chanson de Tim Hardin : la guitare mécanique de Lou Reed, la voix de Nico, une approche de la désolation - en souvenir de Lenny Bruce, qui meurt le 3 août 1966. L'an dernier, on célébrait Annabel et Cartier-Bresson, clic-clic et clic-clac, et comme le 3 août c'est - aussi - le jour de Joseph Conrad, on met un lien sur la gauche, rubrique Dans le désordre, pour ceux qui veulent lire Le coeur des ténèbres : nous fîmes escale à quelques autres endroits aux noms bouffons, où la joyeuse danse du Commerce et de la Mort va son train dans une immobile et terreuse atmosphère de catacombe surchauffée. Etc.
[William S. Burroughs, † le 2 août 1997. Qu'est-ce qu'on a pu aimer ce film,Drugstore Cowboy :1989, plus qu'un an à tenir pour en finir avec cette foutue décennie. Sinon, Fritz Lang et Melville : le 2 août, rude journée pour les acteurs de JLG.]
The Factory series was published between 1984 and 1993, and there remains no finer writing – crime or otherwise – about the state of Britain. Tragically, it is still the state we’re in.
[David Peace, 2011, cité par John Harvey sur son blog, clic-clic. Avec un hommage à deux de nos personal favourites, Laidlaw et Balzic, pas les plus connus, non, mais voilà. Il doit bien y avoir quelques traces dans les archives.]
Though the other character who was of central importance as a progenitor of Resnick was William McIlvanney’s Laidlaw. And not just to me. Rankin, whose Edinburgh was closer, after all, to Laidlaw’s Glasgow than my Nottingham, has made clear his debt to McIlvanney in the past. “Rebus,” he has said, “was an attempt at an east-coast Laidlaw.” Finally, though, when it comes the naming favourites, the law officers I enjoy reading about more than any others, are three: the persistent and long-suffering police chief Mario Balzic, in a stream of novels by K. C. Constantine; the permanently at-odds duo of Harpur and Isles in the novels of Bill James; and Jamie Harrison’s Sheriff Jules Clement, struggling to overcome a guiltily left-wing youth, gain respect and bring law and order [ plus the occasional well-made meal ] to the small township of Blue Deer, Montana.