dimanche 15 décembre 2013

Des journées entières dans les livres #126½

1948.
D’une bonne (car ainsi disait-on alors, sans mépris particulier ni respect général) travaillant chez sa grand-mère et dont le nom, Gilberte, tranchait sur la longue série en “y” (Lily, Gaby, Josy, Mady) de celles qui l’avaient précédée et de celles qui la suivraient après sa mystérieuse disparition, il garde, outre celui de l’odeur de transpiration qu’elle dégageait en permanence, le souvenir de la crise de larmes que provoqua la lecture d’une lettre qu’avec un cri de bête qui le fit sursauter elle laissa ensuite tomber dans la pâte qu’elle roulait l’instant d’avant sur la table de la cuisine. Quand Gilberte voulut s’essuyer les yeux, ils devinrent blancs de farine et, plusieurs jours durant, à la grande indifférence du monde, à la grande exaspération de la famille, elle offrit ainsi la face bouffie, marbrée, lunaire, de celle qui vient d’expérimenter la traîtrise des hommes.

[En retard comme toujours on apprend clic-clic la mort de  Jean-Luc Benoziglio. Pour le reste, Glenn Miller, Suzanne et l'anarchiste Pinelli clic-clac.]

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