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Des journées entières dans les livres #59
Ça m'est égal, de manquer ma vie. Je ne vise pas. Je tire en l'air, du côté des nuages.
[Jules Renard est mort le 22 mai 1910; Victor Hugo le 22 mai 1885, et l'amateur de pompes funèbres n'eut pas à s'en plaindre - on en a déjà parlé clic-clic. Sinon clic-clac, encore trois, ma foi, Jolie Louise.]
Ah, le vivifiant Journal de Jules ! Portraits lucides et cruels de nous-mêmes.
RépondreSupprimer"Jamais je ne demande de nouvelle des absents. Je les suppose tous morts"
Avez-vous lu "Ragotte", cher Joël ?
Non, je n'ai rien lu de Renard sinon dans le désordre, par périodes, le Journal. J'ai (suis-je le seul ? sans doute pas) d'ailleurs une fascination particulière pour la forme "journal", lisant volontiers celui d'auteurs dont le reste de la production me tombe des mains (Nabe) ou me laisse assez indifférent (Camus, par ex.).
RépondreSupprimerRenard, Scutenaire, Lichtenberg, Bierce, Léopardi, etc sont des amis sincères dans les fragments desquels on peut s'inviter à chaque instant. Ils nous renvoient à nos doutes et à nos contradictions. Ils se moquent de nous et d'eux-mêmes. Ils ne proposent pas de solution. Leurs instants de tendresse n'ont d'égal que leur causticité. Leur infinie solitude nous réchauffe. Mais je vous apprends rien, bien évidemment.
RépondreSupprimerDe Nabe, j'ai été touché par "L'âme de Billie Holiday". Il parle du jazz avec un rythme étonnant, en associant des mots surprenants qui font très souvent mouche. Le restant de sa production m'exaspère mais vous me donnez envie de tenter à nouveau de lire son Journal.
De Camus, je n'ai aimé que la description de l'enterrement et la dernière phrase de l'Etranger, mais je dois avouer que je suis un public exécrable, sauf pour ce qui concerne les téléfilms américains.
Bonne journée, Joël, et merci pour ce blog en plein ciel...
Très vite, Nabe c'est vrai est très bon sur le jazz. Sinon, je visais Renaud Camus.
RépondreSupprimerAh, je croyais que vous pensiez aux Carnets d'Albert ! En plus, je suis infoutu de me relire attentivement avant de poster, pardonnez-moi... Mourir pour une virgule, non, mais pour un manque de Ne, oui, et sans hésitations.
RépondreSupprimerJules Renard (pour le plaisir et si vous permettez)
RépondreSupprimer11 février.
Rêve. Alors, je me sentis tout à coup l'âme d'un collégien, et je vous dis :
-- Nous avons une classe de mathématiques, ce soir. Elle m'ennuie. Je n'irai pas. Je resterai avec vous.
Oh ! votre joli sourire !
Je m'éveillai et fis de vains efforts pour maintenir votre image qui s'effaçait.
Vous avez acheté une boîte où il y avait des cerises, elles étaient jolies, mais la boîte ne faisait pas bien. Alors, vous avez mis sur les cerises le noeud de votre chapeau.
Ah ! Je ne me souviens plus. Si ! Attendez.
Et puis, je ne me rappelle pas. C'est le réveil. Vous mourez de mon réveil.
Oui, oui ! Ca ne veut rien dire, mais c'était du bonheur doux et fin comme la lumière.
Je donnerais bien des jours de réveil pour une nouvelle nuit de ce soleil-là.
Oh ! vous étiez plus jolie que vous n'êtes, plus jeune, plus fraîche, plus fine. Vous marchiez à peine, et votre voix n'avait pas de son. Seul je l'entendais.
Vous m'avez répondu par un sourire qui se fondait avec la gaieté des choses.
Je vous donne rendez-vous dans mon prochain rêve. Dites, vous viendrez ?
Je ne me souviens plus. Si vous croyez que c’est facile !