C’est la nuit maintenant, manteau des déracinés. Sous la veilleuse qui
veille quoi, la religieuse se prend à égrener son chapelet, le monsieur
décoré se déchausse en douce, le pêcheur remaille son filet, le vieux
jockey se sent le derrière entre deux selles, les archiducs s’endorment
au garde à vous, Dolorès achève des lainages pour ses enfants qu’elle
n’achève pas… et moi, j’attends que les communications soient rétablies
entre les êtres.
Un jour, peut-être, nous abattrons les cloisons de
notre prison ; nous parlerons à des gens qui nous répondront ; le
malentendu se dissipera entre les vivants ; les morts n’auront plus de
secrets pour nous.
Un jour, nous prendrons des trains qui partent.
[Antoine Blondin, † le 7 juin 1991. Jean Harlow, Henry Miller aussi, un 7 juin clic-clic.]
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