dimanche 28 février 2010

Marx à l'endroit

Au même titre que la montre Tank Cartier, le 5 de Chanel ou le sac Kelly de chez Hermès, la Pléiade est connue et exportée dans le monde entier. Effet secondaire de sa notoriété, la Pléiade est plagiée et piratée, «mais de façon si grossière que cela ne peut créer aucune confusion», indique Antoine Gallimard.

On rigole, certes, mais on aime malgré tout ces livres-là, sobres et précieux, discrets et m'as-tu-vu, économiques et hors de prix, un peu comme nous, perclus de contradictions. Lire Marx à vingt ans, on s'en souvient encore, relié cuir pleine peau sur papier bible chamois 36 grammes, Garamond corps 9 : Radical Chic pourrait-on dire - si un talentueux ne l'avait déjà fait. On s'en souvient aussi pour le choix lumineux de l'éditeur, Maximilien Rubel, qui résista à tout, au nazisme comme au marxisme officiel, consacrant sa vie à l'auto-émancipation et, nous dit Louis Janover, à divulguer "les mille et une ruses grâce auxquelles Marx a été mis au service d’une oppression que toute son oeuvre dénonce", pour rendre, c'était déjà le but en 1843, "l’oppression réelle encore plus oppressive, en lui ajoutant la conscience de l’oppression, rendre la honte plus honteuse encore en la divulguant". Un communiste libre et iconoclaste, en vrai. Maximilien Rubel est mort le 28 février 1996.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire