Quand tout nous avait été retiré, même les masques, nous écoutions les musiques de Tchuang. Nous avions abouti sur les dépôts d'ordures ou en prison, nous étions enfouis dans les cendres jusqu'à l'oubli, et nous énumérions les morts : Maria Schrag, Siegfried Schulz, la commune Katalina Raspe, le commando Verena Goergens, Infernus Iohannes, Golpiez, Breughel, la commune Ingrid Schmitz et tant d'autres. Il ne restait plus, parmi les poètes de la subversion, que des ombres. A l'extérieur, les maîtres envoyaient leurs chiens fouiller les décombres que nous avions habités, et ils ordonnaient à leurs clowns de salir odieusement les paroles que nous avions prononcées au coeur des flammes. C'est dans ces moments de détresse que nous ressentions le besoin d'entendre un écho de ce qui avait nourri, autrefois, nos existences. [...]
Antoine Volodine
clic-clic Voix d'os Murmurat inédit en 777 mots
in Le Matricule des Anges Numéro 20 de juillet-août 1997
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