mercredi 31 mars 2010

Wikipedia 4/4

http://fr.wikipedia.org/wiki/31_mars
Le Titanic est mis sur cale à Belfast, Irlande. Son numéro de coque est le 390904. Ce chiffre quand on le lit dans un miroir donne no pope (pas de pape), un slogan anti-catholiques.

mardi 30 mars 2010

Johnsyne et Kossigone



Un hymne au non-alignement : Gainsbourg 1967.

Le régime analphabète qui étend sur nos vies son emprise

C'est Nicolas Vanbremeersch qui le note dans son analyse du ridicule copier-coller par l’Élysée du site internet de la Maison Blanche : "une petite chose, très identitaire : les accents. En français, on met des accents sur les lettres, qu’elles soient en minuscules ou majuscules. Les hauts de casse, de Présidence, de République, d’Élysée, de notre fière devise, devraient porter fièrement leurs é, leurs É. Tant pis pour la langue. Et vive l’Amérique !"


Vive l'Amérique, donc, et ses multinationales, que l'on croyait jusqu'alors seules à s'autoridiculiser par les accents, pour le coup inventés comme le rapporte perec.org.

[Que dire par ailleurs de la saynète imaginée par un chef de produit
Rohmérien de stricte observance, mais visiblement burnt out ? Faut-il concéder que Perec, pour pécho, ça le fait, ou alors conseiller d'éviter la chemise bordeaux, navrante pour le teint ? Ou tout simplement s'inquiéter de la persistance de la misère en milieu libre-concurrentiel, considérée sous ses aspects économique, politique, psychologique, sexuel et notamment intellectuel - et rappeler les moyens, y compris les plus désopilants, pour y remédier ?]


dimanche 28 mars 2010

Celui qui dit les choses sans rien dire

Mais les murs sont faits pour les songes
Donnez-moi des Chagall que je vive parmi
(Les Adieux)


[Marc Chagall (מאַרק שאַגאַל ; Марк Захарович Шагал), né Moïshe Zakharovitch Chagalov, est mort le 28 mars 1985 à Saint-Paul de Vence. La photo est de Yousuf Karsh.]

vendredi 26 mars 2010

On remet ça parce que c'était joli



Vamos a bailar sur cette pop un peu allumée, un peu baroque, écrite et produite selon les sources en 66, ou 67, par Germinal Tenas ou par Christian Fechner lui-même - juste après Antoine, un peu avant les Charlots. On rêve d'en dénicher la version italienne Ora so cos'e ou encore la très coquine, parait-il, Ballade du bossu.

jeudi 25 mars 2010

Des baleines et des rêves

Mais mon rêve n'a pas changé. Et je le poursuis toujours.
J'ai navigué si longtemps et recousu tant de voiles que l'extrémité de mes doigts est aplatie et dure, et j'ai halé sur les manœuvres tant de fois que mes mains sont aussi rugueuses que du chanvre de Manille ; j'ai gravi des enfléchures sur des mers démontées et me suis assis sur l'écoutille d'un cargo tout neuf, secoué par les trépidations des machines. Des souvenirs... Rien que des souvenirs. Des images qui aident à passer une journée. Mais elles ne durent qu'un temps. Mon rêve... ma vision les chassent. Je ferme les yeux, et j'entends la musique, et elles arrivent, elles nagent autour de moi, en dansant, en chantant, Oh comme c'est beau de voir l'eau glisser sur leur dos brillant et luisant, et bien que leur taille soit monstrueuse, elles ne font que rider la surface de l'eau en fendant les flots de mers sans bornes. Et, les mains en porte-voix, je leur crie un joyeux BONJOUR, MES AMIES... et elles agitent la queue en guise de réponse, et nous dansons, et nous rions, et cette chose qui s'appelle la mort n'existe plus, supprimée par notre unicité, et je sais que, tant que mon coeur et cette partie intemporelle, colossale et éternelle de moi-même seront comblés par mon rêve... cette vision des baleines dansant avec moi, seule la vie existera, la vie, aussi grandiose, aussi forte, aussi belle, aussi pleine de douceur et de joie que mes amies, et là où elles iront, j'irai aussi, et nous serons inséparables, et ma vie sera la leur, et la leur sera la mienne, et nous ferons toujours partie du même rêve.

Hubert Selby Jr, Chanson de la neige silencieuse, Quai Voltaire

mardi 23 mars 2010

La nuit Floriane

La nuit, Floriane de Lassée photographie les grandes villes, celles où la nuit, justement, ne tombe plus ; et dans cette nuit qui n'existe pas, elle photographie non pas des villes réelles mais "une sorte de ville imaginaire qui habite chaque mégapole".
On peut voir son travail, une belle partie en tous cas, sur son site.


dimanche 21 mars 2010

C'est reparti

Soirée électorale sur la 2. Première intervention de l'UMP, Copé : le mot est lâché avant même toute analyse un peu précise des résultats. Seconde intervention, cinq minutes plus tard : le mot, encore. Comme au premier jour : burqa mon amour.
La petite gauche : Hollande, silencieux.

vendredi 19 mars 2010

Baudelaire, je pense à vous

Assumer



Sans doute, mon amour, on n’a pas eu de chance

Il y avait la guerre
Et nous avions vingt ans.


Bien sûr, on a vieilli, depuis qu'est sorti, 1976, Le jug
e et l'assassin ; bien sûr on en a vu d'autres - et entendu chanter d'autres, des actrices, et bien sûr beaucoup mieux. On est capable maintenant de tout reconnaître, de tout nommer, le pompier, le culcul, la praline, le cheap, notre goût de chiottes pour tout dire, notre âme de midinette croisée caniche - pire encore si vous voulez. Voilà. Ceci étant, et merde, ça fonctionne quand même ; et on sait bien que si ça ne fonctionnait plus, on ferait comme si. On va dire qu'on assume.


Sinon, une bonne partie des chansons de la Commune - Elle n'est pas morte, La semaine sanglante, etc. - sont, avec d'autres standards anarchistes, fort plaisamment remises au goût du jour Rock alternatif acoustique par Les amis d'ta femme, l'album "Noir... Et rouge aussi un peu" pouvant être écouté en ligne clic-clic : un must pour les festivités qui ne vont pas manquer d'occuper la Nation jusqu'au 28 mai.

mercredi 17 mars 2010

Taquiner la société du pestacle

"Blaise, le poussin masqué, est très fort. Aujourd'hui, il va dompter une tache, une grosse tache d'encre qui a un joli nom et un sale caractère. Blaise lève son fouet. Au bout du fouet, il y a la gomme à deux couleurs. Ça va faire un beau pestacle."

(Tribute to Major Boucharov, en sursis dans la société spectaculaire marchande.)

lundi 15 mars 2010

Entartete Kunst

Alexej von Jawlensky a peint cette Méduse en 1923, alors que la figure humaine était devenue son sujet presque exclusif, où va peu à peu, de plus en plus sûrement, se révéler la présence de cette croix que chaque visage pour lui dissimule et dessine tout à la fois.
Voilà donc toute l'histoire : ami des fondateurs de l’abstraction, pilier du « Blaue Reiter », Jawlensky va s'en aller explorer une voie solitaire et mystique, un art de plus en plus dépouillé, de plus en plus centré sur le motif qu'il répète inlassablement, par centaines de Variations - le titre de la première de ses séries.
On parle ici mystique, icônes, croix et Sainte Face : nul besoin toutefois d'une quelconque religion, en tous cas pour moi nul besoin Dieu merci, pour être fasciné par ce travail du multiple, un des premiers du genre sinon le premier me dit-on, par ce recommencement sans fin et qui chaque fois semble progresser dans la révélation, par cette lente disparition de la lumière, aussi, alors que gagne la maladie (cette universelle rage against the dying of the light).
Jawlensky est mort le 15 mars 1941, son œuvre au moins reconnue par Joseph Goebbels qui l'a retenue pour la grande exposition "Art dégénéré" de 1937. On le redécouvre depuis une vingtaine d'années, depuis en particulier la grande exposition de Wiesbaden en 1991, dont le catalogue est tout à fait recommandable.
Méduse, on a de la chance, est exposée au Palais Saint-Pierre, à quelques centaines de mètres d'ici : je ne crois pas, depuis vingt ans, avoir laissé passer une saison sans la visiter. Entre temps, une carte postale est posée sur ma bibliothèque, juste en face du canapé : il ne me semble pas, faut-il pleurer, faut-il en rire, avoir ainsi contemplé d'autres yeux.

samedi 13 mars 2010

Esprit de l'escalier 2/2

Selon Jacques Perdu, dont le livre est publié aux Editions Spartacus, le drapeau des insurgés de Saint-Polycarpe était rouge, et non pas noir comme ici même rapporté il y a peu. Fracassé par un tir ennemi, ledit drapeau a été remplacé peu avant la fin des combats, et faute de mieux, par un vieux pantalon rouge - le gamin chargé de l'accrocher : comme à la parade, au premier tir.

Je suis petit oiseau,
C'est la faute à Rousseau.

vendredi 12 mars 2010

Esprit de l'escalier

For das Spartacus Brigade
Yes Madrid was wunderbar
Les survivants sont assis
Tout le long de Brighton Beach
A Brooklyn by the sea.



(Shuman / Roda Gil)

Je suis Spartacus !

Howard Fast, mort le 12 mars 2003, c'est l'Amérique.


L'Amérique des émigrés : né juif russe de Manhattan, lecteur de Jack London, au boulot à 11 ans, écrivain publié et payé à 18. Le succès sera rapide, ses romans historiques - The Last Frontier, Freedom Road, Citizen Tom Paine - se vendent à des millions d’exemplaire, sont lus dans le monde entier, et revisitent from the left-wing les grands mythes américains, la guerre d’indépendance, la conquête de l’Ouest, l'émancipation des anciens esclaves. Communiste, il est reçu à la Maison Blanche et dirige pendant la guerre les programmes de Voice of America pour l'Europe. "Howard Fast, donc, était un homme respecté. Un patriote fier de son pays, un démocrate convaincu, un type qui, même s’il penchait à gauche, du côté des oppressés, croyait aux valeurs que la démocratie américaine symbolisait aux yeux du monde" résume Lémi d'Article XI qui, encore une fois, raconte impeccablement l'histoire.

 
L'Amérique de la guerre froide, aussi ; et comme pour Dashiell Hammet, l'interdiction professionnelle, la prison enfin, pour n'avoir pas cédé - devenant, dit Lemi, un des hommes les plus haïs des Etats-Unis, un de ces commies emblématiques qu'il convient de tuer, pour le Christ, ou bien - ça ne s'invente pas - pour la fête des mères. La prison, donc, où il commencera à rédiger son livre le plus connu, celui qui fera naître bien des idées dans la tête de bien des jeunes citoyens - Spartacus, qu'il est obligé d'auto-éditer avant que Kubrick, etc.


 
Ensuite, dans l'ombre, sous pseudo - E.V. Cunningham, bien obligé, une seconde carrière, dans le Noir, cette alors splendeur défunte permise aux réprouvés. En France, on ne trouve pas tout, entre autres cependant Sylvia et ses Mémoires d'un rouge chez Rivages, la Confession de Joe Cullen chez l'Atalante. Un site américain à consulter, passionné et très riche : http://www.trussel.com, où l'on trouvera, par exemple, une élégie "Never to Forget: The Battle of the Warsaw Ghetto" illustrée par William Gropper.

mercredi 10 mars 2010

Vive les numéros

Le monde se développe uniquement en fonction des hérésies, en fonction de ce qui rejette le présent, apparemment inébranlable et infaillible. Seuls les hérétiques découvrent des éléments nouveaux dans les sciences, l'art, la vie sociale. Seuls les hérétiques sont l'éternel ferment de la vie.


Ancien bolchevique, Ievgueni Ivanovitch Zamiatine (Евгений Иванович Замятин) est mort en exil à Paris le 10 mars 1937. Son roman le plus connu, Nous autres, est souvent présenté comme la matrice des plus célèbres dystopies, ou contre-utopies, qu'a pu inspirer le sinistre vingtième siècle, le Meilleur des mondes, 1984 et tant d'autres jusqu'à N°6, The prisoner.

Nous autres peut être lu en ligne ou téléchargé en pdf sur infokiosques.net.

mardi 9 mars 2010

Different colors made of tears

Leopold von Sacher-Masoch est mort le 9 mars 1895, et on ne saurait raisonnablement en dire beaucoup plus. On a succombé quand même, et pour toujours, à sa Vénus in furs, relue sur le mode hypnotique par Lou Reed, et dont on découvre, une à une, les traces un peu partout, de la Séverine de Belle de Jour jusqu'à Wanda (et ses sirènes).



On ne se lassera d'ailleurs pas davantage de la petite-nièce von Sacher-Masoch, notre universelle et définitive Sister Morphine : une vraie beauté détruite, disait Miossec, il n'y a rien de plus émouvant.



On se rappellera encore que Robert Mapplethorpe, mort un autre 9 mars - 1989, avait aussi photographié et Marianne Faithfull et tout ou partie du Velvet Undergound. On n'en déduira justement rien.

samedi 6 mars 2010

Wikipedia 3/3

http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Baudrillard
En lançant « L’art contemporain est nul », Jean Baudrillard s'est durablement mis à dos les amateurs d'art contemporain.

vendredi 5 mars 2010

Je me comprends


Elle était de ces femmes dont on aimerait laver les cheveux
Dont on aimerait embrasser l'âme c'est le plus grand de mes voeux .

Le fond de l'air est frais

Iossif Vissarionovitch Djougachvili (en russe : Иосиф Виссарионович Джугашвили ; en géorgien : Iosseb Bessarionis dze Djoughachvili), Joseph Staline donc, est mort à Moscou le 5 mars 1953.
Klement Gottwald, président tchécoslovaque, celui des procès de Prague et de l'Aveu, celui qui faisait pendre juifs, titoïstes, trotskistes, anciens d'Espagne et de la M.O.I., Klement Gottwald re-donc, venu rendre un dernier hommage au génial généralissime, prend froid lors des cérémonies et en meurt neuf jours plus tard.
Le fond de l'air, bingo clic-clic.

jeudi 4 mars 2010

Un, un, je les mangerai tous

Ecouter Nougaro chanter Audiberti clic-clic.

Pas besoin d'être une sorcière
Pour avoir un manche à balai
.





Wikipedia 2/2

http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Nougaro
Au retour, il se produit dans des salles prestigieuses : l'Olympia, le Palais, le Théâtre de la Ville à Paris. D'ailleurs son fils Pablo naitra d'une union avec une très belle Brésilienne.

[Ah, les fourbes : ils ont corrigé.]

mercredi 3 mars 2010

Questionner ses petites cuillers

Ce qui nous parle, me semble-t-il, c'est toujours l'événement, l'insolite, l'extra-ordinaire : cinq colonnes à la une, grosses manchettes. Les trains ne se mettent à exister que lorsqu'ils déraillent, et plus il y a de voyageurs morts, plus les trains existent; les avions n'accèdent à l'existence que lorsqu'ils sont détournés; les voitures ont pour unique destin de percuter les platanes : cinquante-deux week-ends par an, cinquante-deux bilans : tant de morts et tant mieux pour l'information si les chiffres ne cessent d'augmenter ! Il faut qu'il y ait derrière l'événement un scandale, une fissure, un danger, comme si la vie ne devait se révéler qu'à travers le spectaculaire, comme si le parlant, le significatif était toujours anormal: cataclysmes naturels ou bouleversements historiques, conflits sociaux, scandales politiques ...
Dans notre précipitation à mesurer l'historique, le significatif
, le révélateur, ne laissons pas de côté l'essentiel : le véritablement intolérable, le vraiment inadmissible : le scandale, ce n'est pas le grisou, c'est le travail dans les mines. Les "malaises sociaux" ne sont pas "préoccupants" en période de grève, ils sont intolérables vingt-quatre heures sur vingt-quatre, trois cent soixante-cinq jours par an.
Les raz-de-marée, les éruptions volcaniques, les tours qui s'écroulent, les incendies de forêts, les tunnels qui s'effondrent, Publicis qui brûle et Aranda qui parle ! Horrible ! Terrible ! Monstrueux ! Scandaleux ! Mais où est le scandale ? Le vrai scandale ? Le journal nous a-t-il dit autre chose que : soyez rassurés, vous voyez bien que la vie existe, avec ses hauts et ses bas, vous voyez bien qu'il se passe des choses.
Les journaux parlent de tout, sauf du journalie
r. Les journaux m'ennuient, ils ne m'apprennent rien; ce qu'ils racontent ne me concerne pas, ne m'interroge pas et ne répond pas davantage aux questions que je pose ou que je voudrais poser.
Ce qui se passe vraimen
t, ce que nous vivons, le reste, tout le reste, où est il ? Ce qui se passe chaque jour et qui revient chaque jour, le banal, le quotidien, l'évident, le commun, l'ordinaire, l'infra-ordinaire, le bruit de fond, l'habituel, comment en rendre compte, comment l'interroger, comment le décrire ?
Interroger l'habituel. Mais justement, nous y sommes habitués. Nous ne l'interrogeons pas, il ne nous interroge pas, il semble ne pas faire problème, nous le vivons sans y penser, comme s'il ne véhiculait ni q
uestion ni réponse, comme s'il n'était porteur d'aucune information. Ce n'est même plus du conditionnement, c'est de l'anesthésie. Nous dormons notre vie d'un sommeil sans rêves. Mais où est-elle, notre vie ? Où est notre corps ? Où est notre espace ?
Comment parler de ces "choses communes", comment les traquer plutôt, comment les débusquer, les arracher à la gangue dans laquelle elles restent engluées, comment leur donner un sens, une langue : qu'elles parlent enfin de ce qui est, de ce que nous sommes.
Peut-être s'agit-il de fonder enfin notre propre anthropologie : celle qui parlera de nous, qui ira chercher en nous ce que nous avons si longtemps pillé chez les autres. Non plus l'exotique, mais l'endotique.

Interroger ce qui semble tellement aller de soi que nous en avons oublié l'origine. Retrouver quelque chose de l'étonnement que pouvaient éprouver Jules Verne ou ses lecteurs en face d'un appareil capable de reproduire et de transporter les sons. Car il a existé, cet étonnement, et des milliers d'autres, et ce sont eux qui nous ont modelés.
Ce qu'il s'agit d'interroger, c'est la brique, le béton, le verre, nos manières de table, nos ustensiles, nos outils, nos emplois du temps, nos rythmes. Interroger ce qui semble avoir cessé à jamais de nous étonner. Nous vivons, certes, nous respirons, certes; nous marchons, nous ouvrons des portes, nous descendons des escaliers, nous nous asseyons à une table pour manger, nous nous couchons dans un lit pour dor
mir. Comment ? Où ? Quand ? Pourquoi ?
Décrivez votre rue. Décrivez-en une autre. Comparez.
Faites l'inventaire de vos poches, de votre sac. Interrogez-vous sur la provenance, l'usage et le devenir de chacun des objets que vous en retirez.
Questionnez vos petites cuillers.
Qu'y a-t-il sous votre papier peint ?
Combien de gestes faut-il pour composer un numéro de téléphone ? Pourquoi ?
Pourquoi ne trouve-t-on pas de cigarettes dans les épiceries ? Pourquoi pas ?
Il m'importe peu que ces questions soient, ici, fragmentaires, à peine indicatives d'une méthode, tout au plus d'un projet. Il m'importe beaucoup qu'elles semblent triviales et futiles: c'est précisément ce qui les rend tout aussi, sinon plus, essentielles que tant d'autres au travers desquelles nous avons vainement tenté de capter notre vérité.


Approches de quoi ? Cause Commune, N°5, février 1973

Georges Perec est mort le 3 mars 1982. La photo est de Bernard Plossu.

lundi 1 mars 2010

La défense de l'infini

J'étais follement amoureux d'une femme extraordinairement belle. D'une femme en qui j'avais cru, comme à la réalité des pierres. D'une femme que j'avais cru qui m'aimait. J'étais son chien. C'est ma façon.

La (célèbre) photo de Nancy Cunard est de Man Ray.