lundi 13 juin 2011

Avec les pieds (des journées entières dans les livres #62)

Chapitre I

Le samedi 10 avril 1993, un peu après huit heures du matin, une jeune adolescente se présenta au commissariat central d'Amsterdam.
Personne n'aurait pu deviner qu'elle mettrait toutes les polices d'Europe en alerte, et qu'un peu plus tard son visage et son nom couvriraient les premières pages des journaux de tout le continent.
C'était une très jeune fille blonde, d'une douzaine d'années environ, aux yeux d'un bleu profond, rayonnant d'intelligence et d'une forme de gravité intense très particulière et assez indéfinissable au premier abord. Elle était vêtue d'un blouson matelassé bleu marine doté d'une capuche ruisselante de pluie, car dehors il tombait un crachin dru et imperturbable depuis deux jours.

Etc.

[
Hélas, etc. Écrire des conneries, mon Dieu, ce n'est pas si grave - et Dantec n'est pas le seul. Mais pourquoi si mal ? C'est aujourd'hui l'anniversaire du G. Dantec : c'était mieux l'année dernière, on écoutait Bashung et Françoise Hardy clic-clic.]

7 commentaires:

  1. Dantec écrit certes fort mal, cher Joël, et le pire est qu'il ne se relit pas et qu'apparemment nul éditeur n'a jamais pris la peine, sans parler de le chapitrer, ne serait-ce que de le conseiller un peu, comme on savait faire jadis, mais je trouve que ce premier roman tient pas trop mal la route. Je le vois comme une sorte de conte de fées (de sorcières, plutôt, en l'occurrence) pour adultes, noir à souhait.
    L'intrigue et la construction du suivant, Les racines du mal (sur quoi se sont jetés les baveux des Inrocks et bien d'autres à leur suite) présentent encore quelques attraits qui permettaient de supporter le je-m'en-foutisme intégral du style, mais ensuite tout est à jeter, bien avant même ses délires identitaires.

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  2. une sorte de conte de fées (de sorcières, plutôt, en l'occurrence) pour adultes, noir à souhait.
    Pourquoi pas, mais je n'ai pas pu : un livre lu - en entier, et c'est long - en me marrant (authentique); à chaque balourdise un fou-rire, imaginez mon état à la fin.

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  3. Ah oui, désolé, il est vrai que je suis extrêmement bon public, à la limite de la pusillanimité littéraire, très peu exigeant : qu'un seul élément de ce qui fait un récit me paraisse assuré et je ferme les yeux sur tous les défauts, aussi énormes fussent-ils (euh… enfin non, quand même, y'a des limites).
    J'arrive même à prendre du plaisir à lire du Arnaud Viviant, du Nicolas Fargues, du Philippe Jaenanda, du Valérie Mréjen, c'est vous dire ! Et tout JK Rowling, naturellement (sans charre) !

    Là, cent coudées au-dessus, je suis dans À quai, de Marignac, qu'il a eu la délicatesse de venir m'offrir : que du bonheur, pour l'instant.

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  4. À la relecture, je concède sans fard qu'une phrase comme « une très jeune fille blonde, d'une douzaine d'années environ, aux yeux d'un bleu profond, rayonnant d'intelligence et d'une forme de gravité intense très particulière et assez indéfinissable au premier abord » accumule bien des éléments qui auraient violemment hérissé Léautaud, par exemple. Sinon un galimatias, du moins une accumulation d'impardonnables bourdes, redondances et surabondance d'imprécision.

    Et ce blouson "doté" d'une capuche, il était sur le point de se marier ?

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  5. Gulp, je ne connais rien de ces gens (sauf Rowling, naturellement, et Marignac via son blog - et ses sorties sur FQG).
    Si, entendu parler de Nicolas Fargues par à peu près toutes les filles de ma connaissance - ne sais pas s'il y a un rapport quelconque avec sa production .

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  6. Non, George, vous n'avez pas compris : le blouson est doté d'un capuche car le crachin dehors est imperturbable depuis deux jours.

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  7. Bon sang mais c'est bien sûr ! Cependant, "crachin imperturbable", ça me va encore, je trouve que ça passe. "Crachin imperturbable depuis deux jours", déjà moins, certes.
    Philippe Jaenanda, je lui avais consacré un bref billet après la lecture de son premier roman, très plaisant à mon sens mais qu'il ne parvient évidemment pas à boucler. Mais ce n'est pas un écrivain, juste un bon conteur.

    Je vous passe les autres, mais ce qui m'a par exemple plu dans One man show, de Nicolas Fargues, c'est qu'au début du récit le narrateur, évidemment écrivain de son état, se retrouve dans un compartiment de train en face d'un jeune qui sort tout juste de taule, qui l'inquiète un peu. Mais ils en viennent à sympathiser (enfin, façon de parler) assez rapidement, le narrateur offre au lascar, à la demande de ce celui-ci, son dernier roman, qu'il monte justement présenter à Paris. Le gars l'ouvre au hasard, vers le milieu, et lit à haute voix le passage sur lequel ses yeux sont tombés — et ça lui plaît.
    Exactement au milieu de ce roman-là, One man show, on trouve ce même passage, amené de façon complètement inattendue.
    Bref, ce genre de connerie de mise en abyme, quoi…

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