mardi 31 août 2010

Un air qui vaut pas dix ronds #6

Mon shetland rouge ?
Mon shetland bleu ?
Mon shetland bleu !
Euh, mon shetland rouge
Oh mon shetland bleu
Mon shetland rouge

clic-clic

Taieb 1967

lundi 30 août 2010

Via Meravigli

Ici, on aime Milan, la moins aimable sans doute des villes italiennes, la moins italienne sûrement : l'espace trouble (B. Westphal) qui vit par et pour l'argent, la ville du Capital. Mais, voyez-vous, on y a vécu certains jours des merveilles, via Meravigli, c'est ainsi, un mois d'août désolé, un hiver ensuite, comme on en fait pas. Jean Tinguely aussi devait aimer Milan, qui a nommé ainsi son fils, et qui savait poser comme il convient de le faire sur la piazza del Duomo. La photo est de Lothar Wolleh ; Tinguely est mort le 30 août 1991.

Des journées entières dans les livres #4

A quoi bon arrêter un monstre ? A quoi bon le punir ? A quoi bon le supprimer ? Et à quoi bon le laisser en vie ?




[Pour lire la série Duca Lamberti, celle qui a révélé Scerbanenco - et Milan - au monde entier, il faudra toutefois passer par les bouquinistes : Vénus Privée, À Tous les Râteliers, Les Enfants du Massacre et Les Milanais Tuent le Samedi, parus chez Plon, réédités par 10/18, acclamés par la critique, couverts de prix littéraires, etc. etc. semblent bien avoir disparu des circuits de distribution ordinaires. Marchés efficients, qu'ils disaient.]

Alain Corneau

dimanche 29 août 2010

Un air qui vaut pas dix ronds #5



Lonely days are gone, I'm a-goin' home,
Cause my baby just a-wrote me a letter.

Thompson 1967

samedi 28 août 2010

Relance de la consommation

Cette fois, c'est bien la rentrée.

Rayonnisme cubo-futuriste

Les quelques images que l'on peut trouver au hasard des référencements ne semblent pas rendre entièrement justice au travail d’Alexandre Chevtchenko, avant-gardiste russe mort à Moscou le 28 août 1948, à la croisée, comme tant d'autres, de toutes les recherches du XXème siècle débutant. On illustrera donc ce bref billet avec le portrait de l'artiste - sans trop de regrets, la photo étant signée, excusez du peu, Alexandre Rodtchenko.

mercredi 25 août 2010

La désobéissante

Dans une des premières chroniques de son (indispensable) Plateau télé, Patrick Besson évoque avec bienveillance, si si, la mémoire de Christiane Rochefort, à laquelle une émission littéraire (Zazie ?) venait de rendre hommage, quelques semaines après sa disparition.

On s'en souvient comme si c'était hier, on a des archives, le 28 mai 98, cette petite vieille dans son jardin, intenable encore à 80 ans passés, elle qui avait bouffé de très bonne heure un lion tel qu'il lui a fait toute sa vie. Elle explique à un moment : "je ne suis pas obéissante", réfléchit dix secondes, puis : "je suis désobéissante".


(en hommage mérité, Bardot sur le tournage du Repos du Guerrier, 1962).

Le stupide 19ème siècle

Le calendrier est mal fait : on va donc récidiver, donner encore dans le 19ème, et dans l'officiel - Fantin-Latour, reconnu, décoré, déjà dans les musées à sa mort le 25 août 1904, auteur d'une des plus célèbres représentations de Rimbaud, et surtout de ces fascinants portraits bourgeois, plus que posés, immobiles, tellement irréels dans leur perfection qu'il n'est pas possible que.
A Lyon, une superbe Lecture, à Orsay, ci-contre, sa propre belle-famille.

A Portrait of the Artist as a Young Man

On oublierait, à voir et revoir les images des années 60 et après, celles du branché mondain, que Truman Capote fut, à ses débuts, un genre d'éphèbe un peu trash, un peu pute pour tout dire - jusque sur la jaquette alors jugée scandaleuse de son premier roman Other Voices, Other Rooms. De cette époque restent des photos, souvent superbes, par les plus grands - tous attirés par le phénomène : Cartier-Bresson, Avedon, Beaton, etc. (quelques-unes ici, clic-clic). Pour rappeler que Capote est mort, bien abimé mais bien plus tard, le 25 août 1984 : une photo, illustrissime, d'un maître, Irving Penn.

mardi 24 août 2010

Un air qui vaut pas dix ronds #4

En avant pour le grand bond en arrière
En avant En avant En avant


Béranger 1997 (reprise par Les Szgaboonistes)

lundi 23 août 2010

We stand defeated America

they have clubbed us off the streets they are stronger they are rich they hire and fire the politicians the newspaper editors the old judges the small men with reputations the college presidents the wardheelers (Listen businessmen college presidents judges America will not forget her betrayers) they hire the men with guns the uniforms the policecars the patrolwagons

all right you have won you will kill the brave men our friends tonight


there is nothing left to do we are beaten we the beaten crowd together in these old dingy schoolrooms on Salem Street shuffle up and down the gritty creaking stairs sit hunched with bowed heads on benches and hear the old words of the haters of oppression made new in sweat and agony tonight

our work is over the scribbled phrases the nights typing releases the smell of the printshop the sharp reek of newprinted leaflets the rush for Western Union stringing words into wires the search for stinging words to make you feel who are your oppressors America

America our nation has been beaten by strangers who have turned our language inside out who have taken the clean words our fathers spoke and made them slimy and foul

their hired men sit on the judge’s bench they sit back with their feet on the tables under the dome of the State House they are ignorant of our beliefs they have the dollars the guns the armed forces the powerplants they have built the electric chair and hired the executioner to throw the switch

all right we are two nations

America our nation has been beaten by strangers who have bought the laws and fenced off the meadows and cut down the woods for pulp and turned our pleasant cities into slums and sweated the wealth out of our people and when they want to they hire the executioner to throw the switch


but do they know that the old words of the immigrants are being renewed in blood and agony tonight do they know that the old American speech of the haters of oppression is new tonight in the mouth of an old woman from Pittsburgh of a husky boilermaker from Frisco who hopped freights clear from the Coast to come here in the mouth of a Back Bay socialworker in the mouth of an Italian printer of a hobo from Arkansas the language of the beaten nation is not forgotten in our ears tonight

the men in the deathhouse made the old words new before they died


If it had not been for these things, I might have lived out my life talking at streetcorners to scorning men. I might have died unknown, unmarked, a failure. This is our career and our triumph. Never in our full life can we hope to do such work for tolerance, for justice, for man’s understanding of man as now we do by an accident.

now their work is over the immigrants haters of oppression lie quiet in black suits in the little undertaking parlor in the North End the city is quiet the men of the conquering nation are not to be seen on the streets

they have won why are they scared to be seen the streets? on the streets you see only the downcast faces of the beaten

the streets belong to the beaten
nation all the way to the cemetery where the bodies of the immigrants are to be buried

we line the curbs in the drizzling rain we crowd the wet sidewalks elbow to
elbow silent pale looking with scared eyes at the coffins

we stand defeated America

(John Dos Passos, sur l'exécution de Sacco et Vanzetti, le 23 août 1927, in The Big Money, La grosse galette en VF).

Wikipedia 9/9

http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Sacco_et_Vanzetti
Le film Sacco et Vanzetti réalisé par Giuliano Montaldo retrace leur histoire. Bien que toutefois, le film ne soit jamais sorti en France au format VHS ou DVD.


[Ils ont corrigé, les fourbes.]

dimanche 22 août 2010

Despair and die !

C'est à la bataille de Bosworth que meurt Richard III le 22 août 1485. Pour l'évoquer, un peintre presque oublié, un de ces académistes à la technique impressionnante, qui en même temps qu'ils perdaient la guerre artistique ont lourdement contribué à façonner l'imaginaire historique des petits français d'avant les médias - lesquels gamins, on a peine à le croire, lisaient alors souvent le dictionnaire, dont les illustrations faisait justement la part belle à ces peintres d'histoire du XIXème. Ici donc, Otages, de Jean-Paul Laurens, 1896 : les deux petits princes que Richard fera sous peu disparaître dans les profondeurs secrètes de la Tour de Londres. Le tableau, qui vaut le coup d'œil quoi qu'on puisse penser du genre, est au Musée des Beaux-Arts à Lyon. Parlant de Laurens, aggravons notre cas, on ne se lasse pas de sa formidable Excommunication de Robert le Pieux, visible à Orsay clic-clic.

samedi 21 août 2010

Retour à la normale

Sur le site de Magnum clic-clic, on trouvera - entre autres - le travail de Josef Koudelka, photographe des territoires dévastés, de l'exil, des gitans aussi, bien entendu. On y trouvera surtout, ce 21 août, Invasion - le titre d'un de ses livres, les photos longtemps anonymes de la prise de Prague : certaines des images les plus fortes, et à juste titre les plus connues, de l'évènement, beaucoup aussi qui disent tout simplement la désolation.

jeudi 19 août 2010

Des journées entières dans les livres #3

Imaginons qu'à l'aide de votre caméra sur pied et de votre précieux zoom, vous vaquiez tranquillement, dans des chambres miteuses de l'hôtel Esquisite à Bayswater, au tournage de films porno dont la vedette serait, par exemple, un chauffeur de taxi de Notting Hill Gate allongé sur le dos, une fille gironde à califourchon sur ses hanches et une autre sur sa figure, vous feriez-vous des ennemis ? Hein ? Quels ennemis ? Vous pourriez vous faire arrêter, mais vous ne vous feriez pas d'ennemis. Tim, si. On ne sait comment, ni où, mais il s'en est fait.

Un air qui vaut pas dix ronds #3

Un jour, vers le soir, en automne
Lac Balaton
Les starfighters et les stukas
Font éclater en gerbes énormes
Les pastèques et les paprikas
Je ne suis qu'un parmi les hommes
Je ne suis qu'un parmi les hommes.

clic-clic

Grosz - Skornik 1975

Plumes de cheval



Groucho Marx, 2 octobre 1890 - 19 août 1977.

Par la main d’un seul homme

Le 19 août 1924 meurt Ferdinand Cheval, facteur et bâtisseur infatigable - pour nous les oiseaux, disait Breton, que tu charmes toujours du haut de ces belvédères - son Tombeau du silence et du repos sans fin à peine achevé.

10 mille journées
93 mille heures
33 ans d’épreuves
Plus opiniâtre que moi se mette à l’oeuvre !

mercredi 18 août 2010

Rattrapés par la marée

Vingt lignes, pas plus, c'est largement suffisant à Paul Krugman clic-clic pour dézinguer toute idée de report de l'âge du départ à la retraite comme conséquence logique, tiens tiens, de l'augmentation de la durée de vie : une idée terrible, dit-il, et en américain dans le texte ce n'est pas cette fille-là elle est terrible, c'est plutôt épouvantable, atroce, and so on. Ce Krugman, totalement imperméable au bons sens de chez nous, est juste Nobel Prize for Economics 2008, et pas un alter-alibi, un vrai de vrai, un spécialiste et laudateur du libre-échange. Bien entendu, ça braille chez les commentateurs : c'est pas pas pareil en France, pas le même système, pas les mêmes statistiques, etc. - que dalle, ce qu'on trouve comme études à droite à gauche, INED, COR, etc. montre peu ou prou la même chose - l'injustice totale de la mesure, d'une brutalité nouvelle pour tout dire.
[Ceci dit à seule fin de prendre date, comme si l'on ne savait pas, on connait la chanson, que l'affaire est déjà pliée, que les zones de concessions nécessaires sont en place (un peu pour les mères de famille, un peu pour les fonctionnaires) pour que - après mémorables journées d'action - l'ensemble soit validé, de guerre lasse, désolé les gars, aux seuls dépens des ordinary losers : prolos, sous-diplômés, accidentés de la vie, mal intégrés divers, tout ce qui ne compte pas et qui ne vote pas, ou si mal. Sauf si, comme d'hab, merci Miossec : C'est désormais bon pour les gosses / Allez les enfants, foutez le raffut.]

Des journées entières dans les livres #2

Pour Maigret, la date était facile à retenir, à cause de l'anniversaire de sa belle-soeur, le 19 octobre. Et c'était un lundi, il devait s'en souvenir aussi, parce qu'il est admis au Quai des Orfèvres que les gens se font rarement assassiner le lundi.

Cette valse, mon amour, et serre les dents


Oh my love, Oh my love
Take this waltz, take this waltz
It's yours now : it's all that there is.

Federico Garcia Lorca, fusillé le 18 août 1936.

mardi 17 août 2010

Un air qui vaut pas dix ronds #2

Coupez vous les oreilles
Mangez deux ou trois abeilles,
Benoit.

clic-clic

Modiano - de Courson 1968

Des journées entières dans les livres #1

Le premier Ellroy, un des moins (re)connus, la déchéance d'un privé alcoolique et mélomane, sa rédemption - possible, incertaine : ainsi donc poursuivra-t-il sa vie - essayant d'apprécier la beauté. Mais je tiens bon. J'écoute beaucoup de musique.
En le dédicaçant, il a prévenu, de sa grande écriture occupant toute la page :
Doomonic grief resides within. C'est exactement ça.

lundi 16 août 2010

Un air qui vaut pas dix ronds #1

Je l'attendais, je l'attendais
Oh, comme je l'attendais
C'est elle, exactement

C'est elle que j'attendais

Une fille comme elle

C'est ça que j'attendais
.

clic-clic

Delpech - Rivat - Pelay
1974

Ton ami, le vampire

Les gardes blancs du Régent Horthy l'ont chassé de Hongrie : c'est donc l'amérique, puis le monde entier, qu'il va terroriser. Béla Lugosi est Dracula. Dracula serait mort le 16 août 1956.

dimanche 15 août 2010

Relance de la consommation


(Feat. petit bateau)

E pericoloso sporgersi

Les petits enfants qui tombent du balcon
Toute leur enfance défile dans leurs yeux

Elle est courte et ils s'ennuient même un peu

Alors ils regardent ce qui se passe autour d'eux


Ils s'échappent et volent devant les fenêtres

Ils disent bonjour à tous les locataires

On les invite à venir prendre un verre

Ils disent d'accord

Mais ils ne restent qu'un instant.



Bashung / Tardieu (clic-clic)

samedi 14 août 2010

Oh, the shark has pretty teeth

On a sans doute abusé de Bertolt Brecht, mort le 14 août 1956, abusé notre jeunesse durant de ces innombrables (et interminables) Mères Courage, de cette impayable et systématique distanciation, de ce peuple qu'il convenait de dissoudre si vous n'étiez pas content (même pas cap), du gnangnan apocryphe pendant qu'on y était (Quand ils sont venus chercher ...), trop usé donc pour savoir vraiment ce qu'il en restera : des chansons, peut-être, c'est déjà ça.
Tant qu'à choisir un standard : la plus connue, par son interprète le plus attendu - une version toutefois pas banale, quelques mesures de Mack the Knife pour introduire ici Alabama Song.

mercredi 11 août 2010

Visions de Cody

Jackson Pollock était saoul, comme d'habitude, le 11 août 1956 quand il envoya sa décapotable Oldsmobile dans un arbre. Il avait été photographié et filmé au travail comme peu de peintres l'ont été, principalement - et comme ici - par Hans Namuth. Photos et films de Namuth ont documenté assez exhaustivement la technique et la démarche, on dirait chamanique, du peintre, contribuant sans aucun doute à sa fulgurante renommée - et contribuant semble-t-il tout autant au silence dans lequel il s'est rapidement réfugié. La légende veut, en tous cas, que Pollock se soit (re)mis à boire, et à cesser pour l'essentiel de peindre, le dernier jour du tournage du dernier film de Namuth - certains tenant carrément le photographe pour un genre d'assassin artistique.

lundi 9 août 2010

N’en sortir plus jamais

Et voici que je prononce une phrase de Marx que j’avais lue dans la pile des livres qui sont chez Joséphine — une phrase que j’avais lue et soulignée : « Nous serons les premiers à entrer vivants dans la vie nouvelle. » C’est une phrase qu’il a écrite à Engels ou Ruge, je ne sais plus — une de ces phrases qu’on se répète comme un slogan, une phrase à frissons de soulèvement, fière et solennelle, qui claque dans l’air glacé de Berlin, et vous exalte à bon compte, parce que la « vie nouvelle » parle à tout le monde sans qu’on sache exactement quoi mettre sous cette expression : « Nous serons les premiers à entrer vivants dans la vie nouvelle. » Mais moi, la « vie nouvelle », aujourd’hui, en face du McDonald’s et des trois SDF, avec la voix de Marx qui m’avait réveillé, je voyais très bien ce que c’était. La « vie nouvelle », je l’avais toujours connue. À Paris, chaque jour, avec Anna Livia, la « vie nouvelle », je la vivais. La « vie nouvelle », lorsqu’on y est entré une fois, on n’en sort plus jamais. Même si l’on traverse une mauvaise passe, personne ne peut vous en dépouiller. Car ce qui s’ouvre avec la « vie nouvelle » ressemble au savoir que vous offre l’illumination. Personne ne peut vous séparer d’une illumination. Si vous êtes illuminé, l’enfer ne peut rien contre vous — vous le traversez.
Yannick Haenel, Cercle, Folio.

vendredi 6 août 2010

Coup de grâce

Une pensée quand même pour Willy DeVille, un an pile, et tant qu'à faire une autre aussi pour Mort Shuman.




jeudi 5 août 2010

Critique de la séparation

Tiens, tiens, la Saint-Oswald.
Le bonheur n'est pas quelque chose d'égoïste, ce n'est pas une petite maison, ce n'est ni prendre, ni recevoir. Le bonheur c'est participer à une lutte dans laquelle il n'y a pas de frontière entre son monde personnel et le monde en général.
Lee H. Oswald, lettre à son frère - en exergue de Libra, de Don DeLillo.

Posseduta dal mondo presente

Marilyn, encore, et Norma Jeane Baker qui meurt le 5 août 1962. Le poème de Pasolini est dit par le peintre sicilien Renato Guttuso - le tout est extrait de La Rabbia (1963). La traduction française est de Stefano Bevacqua et Annick Bouleau ("Pasolini cinéaste", Cahiers du cinéma, 1981).



Del mondo antico e del mondo futuro / era rimasta solo la bellezza, e tu, / povera sorellina minore, / quella che corre dietro ai fratelli più grandi, / e ride e piange con loro, per imitarli, / e si mette addosso le loro sciarpette, / tocca non vista i loro libri, i loro coltellini, / tu sorellina più piccola, / quella bellezza l’avevi addosso umilmente, / e la tua anima di figlia di piccola gente, / non hai mai saputo di averla, / perché altrimenti non sarebbe stata bellezza. / Sparì, come un pulviscolo d’oro. / Il mondo te l’ha insegnata. / Così la tua bellezza divenne sua. / Dello stupido mondo antico / e del feroce mondo futuro / era rimasta una bellezza che non si vergognava / di alludere ai piccoli seni di sorellina, / al piccolo ventre così facilmente nudo. / E per questo era bellezza, la stessa / che hanno le dolci mendicanti di colore, / le zingare, le figlie dei commercianti / vincitrici ai concorsi a Miami o a Roma / Sparì, come una colombella d’oro. / Il mondo te l’ha insegnato, / e così la tua bellezza non fu più bellezza. / Ma tu continuavi ad esser bambina, / sciocca come l’antichità, crudele come il futuro, / e fra te e la tua bellezza posseduta dal potere / si mise tutta la stupidità e la crudeltò del presente / te la portavi sempre dietro come un sorriso tra le lacrime / impudica per passività, indecente per obbedienza. / Sparì come una bianca ombra d’oro. / La tua bellezza sopravvissuta del mondo antico, / richiesta dal mondo futuro, posseduta / dal mondo presente, divenne così un male. / Ora i fratelli maggiori finalmente si voltano, / smettono per un momento i loro maledetti giochi, / escono dalla loro inesorabile distrazione, / e si chiedono: « È possibile che Marilyn, / la piccola Marilyn ci abbia indicato la strada? » / Ora sei tu, la prima, tu la sorella più piccola, quella / che non conta nulla, poverina, col suo sorriso, / sei tu la prima oltre le porte del mondo / abbandonato al suo destino di morte.

Du monde antique et du monde futur / la beauté seule était demeurée, et toi, / pauvre petite soeur cadette, / celle qui court derrière ses frères plus grands, / et rit et pleure avec eux, pour les imiter, / toi petite sœur plus jeune, / cette beauté-là tu la portais humblement, / et ton âme de fille de petites gens / n’a jamais su qu’elle la possédait, / sinon il n’y aurait pas eu de beauté. / Le monde te l’a enseignée, / ainsi ta beauté est devenue sienne. / De l’effrayant monde antique et de l’effrayant monde futur / la beauté seule demeurait, et toi / tu l’as traînée comme un sourire obéissant. / L’obéissance demande trop de larmes englouties, / de don aux autres, trop de regards joyeux / qui réclament leur pitié! / Ainsi, ta beauté tu l’as emportée. / Elle disparut comme une poussière d’or. / Du stupide monde antique et du cruel monde futur / demeurait une beauté qui n’avait pas honte / de faire allusion aux petits seins de sœur cadette, / au petit ventre si facilement nu. / A cause de cela il y avait de la beauté, / la même que celle des douces filles de ton monde… / les filles de commerçants qui remportent les concours de Miami ou de Londres. / Elle disparut comme une colombe d’or. / Le monde te l’a enseignée, / ainsi ta beauté ne fut plus de la beauté. / Mais tu étais toujours une enfant, / sotte comme l’antiquité, cruelle comme le futur, / et entre toi et ta beauté possédée par le Pouvoir / prit place toute la stupidité et la cruauté du présent. / Tu la portais toujours comme un sourire entre les larmes, / impudique par passivité, indécente par obéissance. / Elle disparut comme une blanche colombe d’or. / Ta beauté qui a survécu au monde antique, / réclamée par le monde futur, possédée par le monde présent, devint un mal mortel. / Maintenant les frères aînés, enfin, se retournent, / suspendent pour un moment leurs jeux maudits, / se détournent de leur inexorable distraction, / et se demandent: « Est-ce possible que Marilyn, la petite Marilyn, nous ait montré la route? » / Maintenant c’est toi, / celle qui ne compte pas, la pauvre, avec son sourire, / c’est toi la première au-delà des portes du monde / abandonné à son destin de mort.

mercredi 4 août 2010

La folie qui m'accompagne

4 août 1693 : Date probable de découverte du procédé de fabrication du Champagne par Dom Pérignon.
(Wikipedia)

Are you ready boots ?

On se souviendra sans doute un peu de Lee Hazlewood clic-clic, mort le 4 août 2007 à Las Vegas, pour avoir découvert et produit Duane Eddy, oui le Douane Eddy d'Alain Bashung, aussi peut-être pour avoir été le plus prolifique - et discret - auteur / interprète / producteur de la musique pop américaine des 60s. On se rappellera de lui à coup sûr pour avoir composé These Boots Are Made for Walkin' : écrite pour Nancy Sinatra, reprise par tout le monde, une des plus fameuses lignes de basse du siècle - à deux voix, en VO Carol Kaye à la basse et Chuck Berghofer à la contrebasse. La VO, donc, et - c'est fête - une (pas si mal) des VF d'époque.




mardi 3 août 2010

Icône

Faute de trouver trace du disque, quatre chansons, écrit pour elle par Sagan, on se rappelera d'Annabel, morte le 3 août 2005, avec ce portrait d'Avedon, superbe comme d'habitude, elle et Bernard en 1959.

Des yeux pour voir

De Cartier-Bresson, qui meurt le 3 août 2004, Marilyn, derniers temps.

dimanche 1 août 2010

Let's dance



Pour fêter la reprise, let's dance sur cette improbable cover du semble-t-il localement culte In the Past de We the People clic-clic, avant-garde sixties et floridienne du garage-pop-baroque sound, pour faire simple, avec clavecin, orgue et octachord - une sorte de mandoline faite maison avec des cordes de banjo. Et, en guise de paroles françaises, le prévisible et impayable hymne à la frustration, tellement d'époque.