samedi 26 mars 2011

Fureurs de nos oncles (Des journées entières dans les livres #50)

L'historiette commence toujours par un cri d'indignation adressé à la margarine : «Une mousse à la margarine ? C'est impensable !» «De la margarine ? Ton oncle sera furieux !» Et puis les yeux s'ouvrent, la conscience s'assouplit, la margarine est un délicieux aliment, agréable, digeste, économique, utile en toute circonstance. On connaît la morale de la fin : «Vous voilà débarrassés d'un préjugé qui vous coûtait cher !» C'est de la même façon que l'Ordre vous délivre de vos préjugés progressistes. [...] Qu'importe, après tout, que la margarine ne soit que de la graisse, si son rendement est supérieur à celui du beurre ? Qu'importe, après tout, que l'ordre soit un peu brutal ou un peu aveugle, s'il nous permet de vivre à bon marché ? Nous voilà, nous aussi, débarrassés d'un préjugé qui nous coûtait cher, trop cher, qui nous coûtait trop de scrupules, trop de révoltes, trop de combats et trop de solitude.

[Roland Barthes est mort le 26 mars 1980 en traversant la rue - un jour de pas de chance où
fallait pas clic-clic surtout pas écraser la queue du chat.]

4 commentaires:

  1. Barefoot contessa26 mars 2011 à 16:52

    Les fureurs de nos oncles surviennent en général durant les heures de nos furoncles.

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  2. Rrose Sélavy, dirais-je plutôt… (décidément, Mankiewicz se balade entre chez vous et chez Jérôme, ces jours-ci !)

    Barthes a été écrasé par un bus, si mes souvenirs sont bons, mais il n'est pas mort sur le coup.

    L'autobus ne faisait pas partie des Mythologies

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  3. N'empêche que Soudain l'été dernier, c'est le premier titre auquel j'ai pensé, et que je l'oublie au moment d'écrire ma liste.
    Merdre alors.

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