Le temps du Rat et du Fromage, c'est sur le site des Zèbres En Cavale clic-clic : en vérité devrais-je craindre de prendre un jour des syllabes dans une ratière, ou de voir, par ma négligence, un livre manger mon fromage ?
Et tout Bosch, pour la Saint-Jérôme, c'est ici clic-clic.
I haven't even got the conviction to make a successful drunkard.
[John Dos Passos est mort le 29 septembre 1970, Roy Lichtenstein pareil en 1997. On a tout juste un an de plus, trois archanges à fêter, et je me souviens je me rappelleclic-clic.]
Mais c'est l'alcool lui qui me donne Les plus beaux rêves que je fais Et dans ces moments-là La fille à qui je pense La fille à qui je pense Est plus belle que toi.
A l'intention de ceux qui ne verraient pas le rapport avec le titre, rappelons que la boîte dans laquelle il est d'usage d'enfermer un cadavre est rarement rose.
Pour célébrer depuis Vostok 3KA-2 la première révolution humaine, Youri Gagarine aurait saluéla fraternité des hommes, le monde des arts, et Anna Magnani - vrai ou faux, qu'importe : l'hommage alors n'étonnait personne. Anna Magnani est morte le 26 septembre 1973 ; la photo est de Yousuf Karsh.
Les occasionnels, ceux qui ne venaient qu'une fois par semaine chez Schiller, trouvaient amusant ce flic qui jouait au ping-pong avec son insigne et son pistolet. La vue d'un holster sur fond de short bleu les ravissait. Et ils pariaient entre eux - des paris de gentlemen qui ne dépassaient jamais le penny ou la demi-cigarette - qu'il ne pourrait pas faire un smash avec son artillerie. Ces paris déplaisaient à Schiller. Il ne voulait pas que son club dégénère en cirque. Aussi empêchait-il la clientèle volante de s'approcher de Coen. Mais il n'était pas hypocrite. Il se rendait compte tout le premier de ce que la tenue de Manfred avait de piquant : son serre-tête jaune, ses serre-poignets, le Police Special, la chemisette et le short bleus, son insigne doré et ses sandales conféraient à Coen l'auréole d'un terrible fondu, d'un véritable dingue du ping-pong.
Pierre Goldman a été abattu le 20 septembre 1979 par on ne sait qui. Ce qu'on sait, en revanche, c'est que depuis quelque temps la droite un peu dure, celle qui cause, celle qui sait, celle qui insinue depuis sa position d'autorité, cette droite-là, donc, n'a de cesse de faire savoir que, oui, acquitté, certes, mais quand même, il a bien fallu que quelqu'un les tue, les pharmaciennes, hein, et encore, on ne peut pas tout dire, mais, n'est-ce pas. Il faudra bien un jour s'interroger sur le pourquoi de cet acharnement, tellement au delà de l'ordinaire de leurs haines habituelles.
Cette sentence est, si je puis dire, parfaitement conforme à mon destin, à mon aptitude fondamentale à être accusé.
Tout l'monde veut être quelqu'un car personne n'aime personne Tout l'monde veut être quelqu'un avant que le glas ne sonne Tout l'monde veut qu'tout l'monde l'aime mais personne n'aime tout l'monde Tout l'monde veut qu'tout l'monde l'aime
Je me contenterai d'exprimer ma sympathie en rappelant ce que les Roms n'ont pas : ils n'ont pas de bombe atomique ; ils n'ont pas de police ni de services secrets ; ils n'ont pas d'officines de propagande ; il n'existe pas de Romland, enfermé dans ses frontières, ni de gardes frontières Roms ; ils ne s'identifient ni à une religion déterminée, ni à une idéologie, ni à une histoire glorieuse reconstruite après-coup. Les Roms sont ce vers quoi nous voulons tendre et, j'ose encore l'espérer, notre avenir.
[Luc Boltanski, en conclusion de son impeccable article clic-clic sur le présent (pauvre) piège à (pauvres) cons.]
A mon avis, une des raisons pour lesquelles je n'ai jamais fait un très bon détective privé c'est que je passe trop de temps à rêver de Babylone.
[Richard Brautigan est mort le 14 septembre 1984. Depuis, je ne suis plus le même. Et vous non plus, vous n'êtes plus les mêmes, que vous en soyez conscients ou non.]
Où sont ces têtes que j'avais Où est le Dieu de ma jeunesse L'amour est devenu mauvais Qu'au brasier les flammes renaissent Mon âme au soleil se dévêt.
Lacan fascine aussi bien les communistes que les giscardiens, les électroniciens que les théoriciens du marketing.
[Lacan est mort le 9 septembre 1981 : trente ans après, la démystification a sans doute perdu un peu de sa nécessité - mais rien de son impitoyable et désopilante rigueur.]
On apprend le 8 septembre 1979 la mort de Jean Seberg. Georges Dudognon avait photographié en 1957 les toutes jeunes Seberg et Sagan durant le tournage du Bonjour Tristesse de Preminger : son histoire est racontée sur le site - passionnant - qu'Olivier Bailly consacre à Bob Giraud, le copain de Doisneau, clic-clic.
Puisqu'ils se sont tous donné le mot, pas d'autre explication, pour afficher du réac classieux, qui Lulu Gainsbourg, qui Gabin Moncorgé drivé par Dabadie : nous aussi, on peut, de l'élégant pareil - paroles et musique Jean-Roger Caussimon s'il vous plait.
Au milieu d'un foisonnement de rumeurs affolées, mille divergences apparurent. Le comte de Canossa, beau jeune homme de vingt-six ans, écopa de la première balle. D'aucun assurent que Sa Seigneurerie, vêtue de velours noir, dansait le galop avec une intensité toute féline lorsque le projectile de 9 mm (une marque russe, de qualité inférieure) lui déchira la gorge, laissant s'écouler sur son plastron de dentelle blanche un tiède filet écarlate. Des éclaboussures allèrent empourprer la Princesse Paola de Bruxelles, âgée de vingt-deux ans, cavalière ravissante et passionnée du Comte ; quelques instants plus tard, ses seins superbes, que la robe de mousseline noire mettait peut-être trop en évidence, servirent à leur tour de cible. La salve d'un PM la coupa presque en deux. Ce n'est là qu'une version de l'ouverture des festivités.
Paul Leni, mort le 2 septembre 1929, c'est le cinéma expressionniste à lui tout seul, avant-garde allemande et Hollywood Universal Studios : une carrière fulgurante, quelques films qui marquent définitivement l'époque - et dont on suit toujours la trace, comme son Homme qui rit, de James Ellroy au Joker de Batman. L'homme qui rit, c'était le grand Conrad Veidt, le même - bon dieu, ça vient de loin - celui-là même que chantait Marquis de Sade - on avait vingt ans :in girum imus nocte, pourrait-on dire.
On a inventé, et on continuera à inventer, des clichés et des stéréotypes, comme les "beatniks" ou les "hippies", pour désigner le mouvement de refus du système technologique. Mais il ne suffit pas, pour transformer les individus, pour faire d'eux une masse, de les désigner par un terme générique. John et Sylvia, comme la plupart de leurs semblables, refusent justement de faire partie d'une masse. C'est même contre cette idée qu'ils se révoltent. Ils ont le sentiment que la technologie est étroitement liée aux forces qui essaient de les intégrer dans un troupeau anonyme. Et cela leur déplaît. Pour l'instant, ce mouvement de résistance reste passif, il se traduit pour tous ceux qui le peuvent par la fuite à la campagne. Mais il pourrait bien évoluer, trouver d'autres formes. Si je ne suis pas d'accord avec mes amis sur l'entretien des motocyclettes, cela ne m'empêche pas de comprendre leur réaction devant la technologie. Mais je crains que leur attitude les voue à l'échec. Le divin Bouddha trouve aussi bien sa place dans les circuits d'un ordinateur, ou dans la boîte de vitesses d'une motocyclette, qu'à la cime d'une montagne ou dans les pétales d'une fleur. Ce serait rabaisser Bouddha que de penser le contraire - et se rabaisser soi-même. Voilà de quoi je veux parler dans ce Chautauqua.