C’est la fin de ce monde-ci.On s’en ira en Italie
Où doit bien être notre lit,
Quelque part sous un pin marin,
Quelque part sous le romarin.
(pour le monde qui va)
I haven't even got the conviction to make a successful drunkard.
Les occasionnels, ceux qui ne venaient qu'une fois par semaine chez Schiller, trouvaient amusant ce flic qui jouait au ping-pong avec son insigne et son pistolet. La vue d'un holster sur fond de short bleu les ravissait. Et ils pariaient entre eux - des paris de gentlemen qui ne dépassaient jamais le penny ou la demi-cigarette - qu'il ne pourrait pas faire un smash avec son artillerie. Ces paris déplaisaient à Schiller. Il ne voulait pas que son club dégénère en cirque. Aussi empêchait-il la clientèle volante de s'approcher de Coen. Mais il n'était pas hypocrite. Il se rendait compte tout le premier de ce que la tenue de Manfred avait de piquant : son serre-tête jaune, ses serre-poignets, le Police Special, la chemisette et le short bleus, son insigne doré et ses sandales conféraient à Coen l'auréole d'un terrible fondu, d'un véritable dingue du ping-pong.
Pierre Goldman a été abattu le 20 septembre 1979 par on ne sait qui. Ce qu'on sait, en revanche, c'est que depuis quelque temps la droite un peu dure, celle qui cause, celle qui sait, celle qui insinue depuis sa position d'autorité, cette droite-là, donc, n'a de cesse de faire savoir que, oui, acquitté, certes, mais quand même, il a bien fallu que quelqu'un les tue, les pharmaciennes, hein, et encore, on ne peut pas tout dire, mais, n'est-ce pas. Il faudra bien un jour s'interroger sur le pourquoi de cet acharnement, tellement au delà de l'ordinaire de leurs haines habituelles.
A mon avis, une des raisons pour lesquelles je n'ai jamais fait un très bon détective privé c'est que je passe trop de temps à rêver de Babylone.
Renverser le ciel
On apprend le 8 septembre 1979 la mort de Jean Seberg. Georges Dudognon avait photographié en 1957 les toutes jeunes Seberg et Sagan durant le tournage du Bonjour Tristesse de Preminger : son histoire est racontée sur le site - passionnant - qu'Olivier Bailly consacre à Bob Giraud, le copain de Doisneau, clic-clic.
Keith Moon, † le 7 septembre 1978. La photo est de Douglas Kent Hall ; pour la BO, c'est là clic-clic.
Au milieu d'un foisonnement de rumeurs affolées, mille divergences apparurent. Le comte de Canossa, beau jeune homme de vingt-six ans, écopa de la première balle. D'aucun assurent que Sa Seigneurerie, vêtue de velours noir, dansait le galop avec une intensité toute féline lorsque le projectile de 9 mm (une marque russe, de qualité inférieure) lui déchira la gorge, laissant s'écouler sur son plastron de dentelle blanche un tiède filet écarlate. Des éclaboussures allèrent empourprer la Princesse Paola de Bruxelles, âgée de vingt-deux ans, cavalière ravissante et passionnée du Comte ; quelques instants plus tard, ses seins superbes, que la robe de mousseline noire mettait peut-être trop en évidence, servirent à leur tour de cible. La salve d'un PM la coupa presque en deux. Ce n'est là qu'une version de l'ouverture des festivités.
On a inventé, et on continuera à inventer, des clichés et des stéréotypes, comme les "beatniks" ou les "hippies", pour désigner le mouvement de refus du système technologique. Mais il ne suffit pas, pour transformer les individus, pour faire d'eux une masse, de les désigner par un terme générique. John et Sylvia, comme la plupart de leurs semblables, refusent justement de faire partie d'une masse. C'est même contre cette idée qu'ils se révoltent. Ils ont le sentiment que la technologie est étroitement liée aux forces qui essaient de les intégrer dans un troupeau anonyme. Et cela leur déplaît. Pour l'instant, ce mouvement de résistance reste passif, il se traduit pour tous ceux qui le peuvent par la fuite à la campagne. Mais il pourrait bien évoluer, trouver d'autres formes.