La chambre était bleue, d'un bleu de lessive, avait-il pensé un jour, un bleu qui lui rappelait son enfance, les petits sachets d'étamine emplis de poudre bleue que sa mère diluait dans le baquet à lessive avant le dernier rinçage du linge, juste avant d'aller l'étendre sur l'herbe luisante du pré. Il devait avoir cinq ou six ans et il se demandait par quel miracle la couleur bleue pouvait rendre le linge blanc.
Plus tard, bien après la mort de sa mère dont le visage devenait déjà flou dans sa mémoire, il s'était demandé aussi pourquoi des gens aussi pauvres qu'eux, vêtus d'habits rapiécés, attachaient tant d'importance à la blancheur du linge.
Y pensait-il en ce moment ? Il ne le saurait que plus tard. Le bleu de la chambre n'était pas le bleu de lessive, mais aussi le bleu du ciel par certains chauds après-midi d'août, un peu avant que le soleil déclinant le teinte de rose, puis de rouge.
On était en août. Le 2 août.
[Le 2 août clic-clic, Fritz Lang et Burroughs.]